Objectifs
Un large travail d’inventaire et de prospection des archives
disponibles, en France et à l’étranger, était d’abord nécessaire. Des
questions déjà abordées par l’historiographie méritaient ensuite d’être
approfondies, d’autres thèmes ou terrains plus inédits ont été
abordés.
Pour ce faire, une nouvelle organisation collective de la recherche a été mise en place.
Le guide des sources de la Seconde Guerre mondiale conservées en France, édité par les Archives nationales en 1994 (40), répertorie de nombreux fonds publics intéressant l'historien des entreprises, qu'il s'agisse des fonds des administrations ministérielles (en particulier des séries F12 Commerce et industrie, F14 Travaux publics et F22 Travail au CARAN, fonds complémentaires des mêmes ministères à Fontainebleau, fonds du Ministère de l'Économie et des Finances à Savigny-le-Temple), des organismes spécifiques à la période (AJ38 Commissariat général aux questions juives, 68AJ fonds très partiel des Comités d'organisation), du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale (72AJ). Le guide montre également, à défaut d'exhaustivité, l'importance quantitative et qualitative des fonds des administrations locales (archives départementales et communales). La partie des archives de l'administration allemande d'Occupation conservées aux Archives nationales (série AJ40) est également présentée (41). Les archives des entreprises apparaissent à un double titre. D'une part, parmi les 212 fonds déposés aux Archives nationales (pour la plupart conservés maintenant au Centre du monde du travail de Roubaix), 112 abordent la période 1939-1945. Le guide les présente d'une manière succincte. Outre les filiales françaises des entreprises allemandes mises sous séquestre à la Libération, sont également concernées plusieurs grandes entreprises nationales (Renault, Société de construction des Batignolles, Marine et Homécourt, Châtillon-Commentry, Schneider, de Wendel, Banque nationale pour le commerce et l'industrie, etc.). D'autre part, quelques fonds restés en la possession d'organismes parapublics (six chambres de commerce et d'industrie dont celle de Paris) ou d'entreprises (qui se trouvent être toutes publiques : Banque de France, Caisse des dépôts, France Telecom, RATP, SNCF) sont répertoriés. De l'aveu même des éditeurs, " les archives économiques (…) ne sont pas suffisamment représentées. (...) La discrétion souhaitée par certaines grandes sociétés en [est] la cause " (p. XI). Le récent guide des archives d'entreprises françaises comporte malheureusement les mêmes lacunes (42) ; les entreprises privées sont largement sous-représentées et la période de la Seconde Guerre mondiale n'est guère couverte. En association avec les Archives nationales qui se sont engagées à apporter leur aide, un double travail d'exploration et d'inventaire sera réalisé. Les fonds des administrations locales, départementales ou municipales, devront être explorés plus systématiquement, notamment pour s'efforcer de retrouver les très riches archives des délégations régionales du ministère de la Production industrielle (43). Le label scientifique du groupe de recherche et les nombreux liens de confiance tissés par ses membres devraient contribuer à rassurer des entreprises éventuellement réticentes, par crainte d'une utilisation polémique, à ouvrir leurs archives aux historiens. Un travail d'explication est à faire pour les convaincre qu'elles ne risquent rien à jouer la transparence, la poursuite d'une politique de fermeture pouvant, au contraire, être mal interprétée et porter atteinte à leur image. La présence dans un certain nombre de grandes entreprises françaises de centres d'archives historiques actifs (Banque de France, Caisse des dépôts et consignations, Crédit lyonnais, EDF, RATP, Saint-Gobain, Société générale, SNCF, etc.) et l'existence d'organismes de soutien à la recherche en histoire des entreprises (Association pour l'histoire des caisses d'épargne, Association pour l'histoire des chemins de fer en France, Comité d'histoire de la Poste, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, Fondation EDF, Institut pour l'histoire de l'Aluminium, Mission historique de la Banque de France, etc.), avec lesquels les animateurs du GDR entretiennent des liens étroits, fourniront un appui déterminant. La section des archives économiques et d'entreprise de l'Association des archivistes français, présidée par Henri Zuber (RATP), nous apportera un soutien précieux. La même démarche sera menée auprès des organisations patronales qui ont probablement hérité d'une bonne partie des fonds des comités d'organisation, très lacunaires aux Archives nationales. Dans la mesure du possible, les témoignages oraux des personnes survivantes ayant exercé des responsabilités au cours de cette période devront également être collectés et leurs transcriptions mises à la disposition de la communauté scientifique. La mise en œuvre d'un travail d'inventaire iconographique est également souhaitable. Les archives allemandes, peu utilisées jusqu'à maintenant par les historiens français, apportent un complément essentiel : elles fournissent un double des correspondances des administrations et des entreprises françaises avec les occupants et elles indiquent l'opinion qu'avaient les différentes autorités allemandes, publiques ou privées, du fonctionnement de la collaboration. Outre les archives de l'administration militaire d'occupation de la France conservées à Fribourg, les archives fédérales, maintenant regroupées à Berlin (centre principal de Lichterfelde et dépôt annexe de Dahlwitz-Hoppegarten) comportent des fonds importants intéressant la France, notamment ceux des ministères de l'Économie (44), de l'Armement et de la Production militaire (ministère Speer), et des structures de l'économie dirigée (Wirtschaftsgruppen). L'essentiel des archives du bureau France du département du commerce extérieur du ministère de l'Économie (45), ainsi que celles du délégué du commissaire général pour le travail forcé Fritz Sauckel en France (Julius Ritter), sont conservés à Moscou où elles n'ont, à notre connaissance, jamais été exploitées par des chercheurs français. La politique d'ouverture exemplaire pratiquée depuis quelques années par de nombreuses grandes entreprises allemandes à l'égard des historiens et les compétences archivistiques dont elles disposent généralement leur permettront de fournir, avec l'appui de l'association allemande des archivistes d'entreprise, des informations sur l'état de leurs fonds concernant les relations avec la France occupée. Un inventaire des sources allemandes pourrait ainsi être réalisé, complété éventuellement, pour en faciliter l'accès aux chercheurs français, par une duplication d'une partie d'entre elles sous forme microfilmée ou numérique. D'autres fonds étrangers sont à explorer, notamment dans les pays d'Europe occupés où la France disposait avant la guerre d'intérêts économiques importants, comme la Tchécoslovaquie, la Roumanie ou la Norvège. Les archives des administrations britanniques et américaines (services consulaires, services de renseignements économiques, archives militaires des bombardements, informations de la Résistance, etc.) constituent également une source complémentaire utile. L'ensemble de ce travail de repérage et d'inventaire devra être, à échéance de 3 ans, réuni dans un guide général des archives sur les entreprises françaises sous l'Occupation, dont des versions provisoires pourraient être d'abord mises en ligne avant l'élaboration d'une version papier plus définitive.
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La
thèse de Michel Margairaz a abordé, la première, les relations entre
grandes entreprises et appareil d'État pour plusieurs branches et
proposé des approches différenciées dans leurs rapports aux
représentants de l'État . Elle esquisse ainsi quelques-unes des
orientations souhaitables en vue d'un renouvellement de la recherche.
Afin de dépasser la dispersion monographique, des questions aussi
fondamentales que l'organisation de l'économie dirigée, la répartition
précise des commandes et des marchés entre l'Occupant et la
consommation intérieure, les modalités de financement des
investissements, l'importance absolue et relative des profits réalisés
par les entreprises, la gestion des flux de main d'œuvre, le sort des
différentes populations salariées, l'attitude des entrepreneurs face à
Vichy et l'occupant, la politique d'" aryanisation " des entreprises,
l'activité des entreprises outre-mer et leurs relations avec la
métropole méritent d'être traitées de manière transversale et
approfondie. |
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Une
étude approfondie de l'organisation économique de Vichy reste à faire .
Au-delà de leurs structures formelles, comment étaient effectivement
gérés les comités d'organisation et autres sections de l'Office central
de répartition de la production industrielle (OCRPI) ? Dans quelle
mesure ces organismes s'inscrivaient-ils dans la continuité des
syndicats patronaux ? Comment s'y répartissaient les responsabilités
entre les industriels et les fonctionnaires délégués par les
administrations ministérielles ? Quelle influence ont-ils véritablement
exercé sur les entreprises des branches correspondantes (concentration
économique, répartition des approvisionnements, des commandes et de la
main-d'œuvre) ? Cette organisation relève-t-elle d'un véritable
dirigisme étatique, ou d'une simple auto-administration concertée de
l'économie ?
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Les
histoires d'entreprises, lorsqu'elles évoquent la période de
l'Occupation, tendent souvent à souligner les difficultés et les
contraintes qui pèsent sur les entreprises (pénurie de matières
premières, perte des débouchés extérieurs, marasme du marché intérieur,
pesanteur administrative et fiscale, difficultés des transports et des
communications dans une France divisée en zones aux statuts différents,
prélèvements de matériel et de main-d'œuvre par l'occupant,
destructions provoquées par les bombardements successifs, etc.).
D'autres auteurs plus critiques soulignent au contraire le
développement des débouchés commerciaux assurés par l'économie de
guerre allemande et l'importance des profits réalisés. Une étude
quantitative globale prenant en compte ces multiples variables, dans
les différents secteurs économiques, apparaît indispensable. Quelle a
été la part réelle des commandes allemandes, y compris indirectes, dans
l'activité des entreprises ? Dans quelle mesure ont-elles compensé les
autres marchés perdus ? Comment ont été financés les investissements
réalisés ? Quelle politique les banques ont-elles menée en matière de
financement des activités économiques ? Quelle est l'importance
véritable des bénéfices accumulés par les entreprises, qu'ils aient été
déclarés ou non, distribués ou non ? La période d'occupation a-t-elle
été pour les entreprises une période d'innovation et de modernisation
dans le domaine technique ou en matière d'organisation et de gestion
(comptable, sociale…) ? A-t-elle modifié les relations commerciales et
financières entre les firmes (sous-traitance, crédit interentreprises…)
? Dans quelle mesure l'appareil industriel français est-il
véritablement sorti affaibli, par les pillages ou les manques
d'investissements, de l'Occupation ? À l'inverse, la collaboration avec
l'industrie allemande a-t-elle permis aux entreprises françaises de
bénéficier de certains transferts technologiques ? Toutes ces questions
méritent que soit systématisée une étude des firmes qui permette de
rendre compte de la diversité des contraintes et des réponses
stratégiques et organisationnelles au niveau géographique, sectoriel,
et selon la taille des firmes.
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Le
patronat a souvent justifié, après la Libération, l'acceptation des
commandes allemandes par la nécessité de maintenir une activité
suffisante pour faire vivre une main-d'œuvre devenue surnuméraire.
Elles auraient permis à de nombreux salariés de ne pas être envoyés
travailler en Allemagne. À l'inverse, les milieux ouvriers ont dénoncé
le zèle dont auraient fait preuve de nombreux employeurs pour relayer
les consignes de l'administration de Vichy en faveur de la Relève et du
Service du travail obligatoire (STO). Au-delà de cette question du STO
qui a fait l'objet d'un colloque organisé par le CRHQ à Caen en
décembre 2001, un point statistique précis sur l'ensemble des flux de
main-d'œuvre (licenciements, embauches, transferts, départs volontaires
ou forcés en Allemagne) sous l'Occupation est nécessaire. Un colloque a
en 1992 fait le point sur l'état des recherches concernant les ouvriers
en France pendant la Seconde Guerre mondiale . Les problématiques
peuvent être actualisées et de nombreuses questions restent à résoudre
pour percevoir la réalité du travail et de ses conditions. Comment le
travail pour l'Allemagne ou en Allemagne était-il perçu par les
différents acteurs sociaux ? Comment a évolué la productivité ouvrière
au cours de la période ? Quel a été l'impact des actions de freinage
voire de sabotage du travail ? Comment ont été traitées financièrement,
socialement et humainement les différentes catégories professionnelles
? Quel a été le sort des travailleurs immigrés appartenant à des
populations maltraitées par l'idéologie nazie (Polonais,
Nord-Africains) ?
De plus, la question de la main d'œuvre ne se limite pas aux besoins allemands, il s'agit aussi d'appréhender le monde du travail dans sa diversité et surtout dans sa spécificité au regard de la période. Comment évoluent les salaires directs et réels ? Quelles incidences la guerre et l'occupation provoquent-elles sur les conditions de travail (horaires, hygiène, sécurité, santé….) ? Quels sont l'influence et le rôle des Comités sociaux ? Quelles ont été les analyses du travail des femmes effectuées par les différences forces en présence (divers courants de la Résistance, diverses tendances de l'administration et du pouvoir de Vichy, autorités d'occupation), les politiques mises en place à ce propos et la réalité de l'emploi féminin ? Quelles incidences les conditions de travail et de vie ont-elles eu sur la population active ? Quelles furent les conséquences du conflit sur les phénomènes de mobilités (sociale, professionnelle, géographique) ? |
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Selon
les auteurs, l'accent est plutôt mis sur l'engagement
collaborationniste ou résistant des dirigeants d'entreprise. Cette
vision quelque peu manichéenne mérite d'être dépassée. D'une part, les
différentes formes d'engagement doivent être mieux distinguées, la
simple adhésion aux thèses pétainistes de la fraternisation avec
l'Allemagne nazie, la collaboration économique plus ou moins contrainte
de la collaboration politique, l'appartenance formelle à des
organisations vichystes de l'activisme politique, la résistance active
de la réticence ou du retrait, etc. . D'autre part, la possibilité de
contradictions personnelles successives voire concomitantes doit être
envisagée : l'engagement dans l'organisation économique de Vichy ou
l'acceptation de commandes allemandes n'est pas nécessairement
incompatible avec un soutien à la Résistance.
Au-delà des quelques figures toujours évoquées, un large espace des positions patronales est à construire, en intégrant de multiples variables relatives à la trajectoire personnelle (appartenance générationnelle, origine géographique, lieu de formation, expérience militaire en 1914-1918, type de carrière), au statut de l'entreprise (grande ou petite, contrôle familial ou managérial, dominante ou non dans sa branche, zones d'implantation) ou à la situation de la branche économique (concurrentielle ou cartellisée, plus ou moins affectée par la fermeture des marchés extérieurs pour les approvisionnements ou les exportations, dominée ou non par son homologue allemande). Une meilleure évaluation des sanctions prises à l'encontre des élites économiques à la Libération est également nécessaire, entre les injustices dénoncées par les hagiographes du monde patronal et l'idée communément répandue aujourd'hui d'une absence d'épuration des milieux économiques. Les différentes formes d'épuration doivent être prises en compte, aussi bien les sanctions individuelles, décidées dans un cadre professionnel ou judiciaire, national ou local, que les diverses mesures affectant les entreprises (mises sous séquestre, confiscation des profits illicites, exclusion des marchés publics) voire les " auto-épurations " (mises à l'écart concédées par le milieu patronal de dirigeants attaqués). |
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L'"
aryanisation " des entreprises découle de la loi du 21 juillet 1941 sur
l'aryanisation des biens juifs. Celle-ci dispose en effet que doivent
être vendues ou liquidées toutes les entreprises dont les
propriétaires, les présidents ou plus d'un tiers des actionnaires sont
considérés comme juifs en application du second statut des juifs. Elle
est due à trois facteurs : les pressions allemandes ; des
considérations de nature idéologique ; d'autres, de nature économique.
Cette politique se poursuit activement pendant la guerre : en juin
1944, 42 % des dossiers sont clos sur 42 000 ouverts en zone Nord.
Si les grandes entreprises font l'objet de cessions, les petites sont le plus souvent liquidées. L'aryanisation a touché, dans des proportions variables, tous les secteurs. Même si certains patrons, en l'occurrence souvent les dirigeants des plus grandes firmes, ont organisé des aryanisations fictives, l'on compte, parmi ceux des PME, beaucoup de déportés. À la Libération, l'annulation des lois raciales entraîne la restitution des biens aryanisés à leurs propriétaires légitimes, mais de nombreuses firmes ont purement et simplement disparu, même parmi les grandes (Rosengart, cinquième constructeur français d'automobile à la veille de la Seconde Guerre mondiale). Il faut aussi distinguer, notamment pour les grandes entreprises, ce qui relève des conséquences directes de l'Occupation et de l'installation d'un nouveau régime politique, de décisions ou d'accords antérieurement négociés qui trouvent leur aboutissement au cours des années 1940-1944. On comprend donc l'ampleur du phénomène et la nécessité de l'étudier en profondeur. La thèse de Philippe Verheyde n'aborde que le cas des 175 plus grandes entreprises, Jean Laloum, celui de trois communes de banlieue parisienne et Jean-Marc Dreyfus, celui d'une trentaine de banques. Or, plus de 20 000 entreprises ont été directement concernées, sans compter les nombreuses entreprises qui interviennent dans l'acquisition des biens, et dont l'étude du déroulement et des motivations permet d'apporter des indications précieuses sur leurs stratégies. Sous la direction de M. Margairaz à Paris VIII, Florent Le Bot termine une thèse de doctorat sur l'aryanisation des métiers du secteur du cuir en élargissant le questionnement aux années trente ; une recherche est en cours sur les avoirs juifs déposés au Crédit Lyonnais ; un colloque a été organisé par Jean-Pierre Azéma, Marc-Olivier Baruch et Michel Margairaz sur la Caisse des Dépôts en novembre 2001. Mais il reste beaucoup à faire. |
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Une
étude des entreprises pendant la période de l'Occupation ne peut se
limiter à la seule métropole. Dans la droite ligne du colloque organisé
en 1984 par l'IHTP sur le thème " Les chemins de la décolonisation de
l'Empire français 1936-1956 " , et des travaux de Jacques Marseille ou
de Catherine Coquery-Vidrovitch , les spécialistes de l'Outre-mer se
sont intéressés aux stratégies d'entreprises dans l'Empire colonial :
on ne peut ignorer aujourd'hui les travaux très éclairants d'Hélène
d'Almeida-Topor , de Catherine Hodeir , de Monique Lakroum , de Daniel
Lefeuvre ou de Samir Saul par exemple. Durant la guerre, les
entreprises ont continué à y travailler dans des conditions souvent
difficiles, en raison du blocus britannique, des difficultés de
relations avec la métropole ainsi que de l'affrontement entre les
partisans du régime de Vichy et ceux de la France libre.
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Le
traitement de ces différentes questions implique de susciter des
recherches nouvelles dans des secteurs économiques jusque-là peu
étudiés par les historiens, comme les assurances ou les transports, ou,
dans l'industrie, des branches comme la construction mécanique, le
textile ou l'agroalimentaire. Une multiplication des études à l'échelle
locale, dans des régions aux statuts différents sous l'Occupation, est
également nécessaire. Pour permettre une exploitation comparative de
ces recherches, l'organisation collective doit assurer une meilleure
coordination des questionnements, du recueil des données et de la
présentation des résultats.
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L'ambition
scientifique du GDR est de stimuler des recherches sur un sujet dont la
difficulté d'accès aux sources pouvait décourager des chercheurs
isolés. Le réseau apportera donc des aides financières à la mobilité
(bourses de séjours pour jeunes chercheurs, prise en charge de frais de
mission) pour inciter à l'exploitation de sources diversifiées. En
Allemagne en particulier, l'appui possible d'institutions comme le
Centre franco-allemand de recherches en sciences sociales Marc Bloch de
Berlin et la Mission historique française en Allemagne à Göttingen
facilitera l'organisation de séjours de recherche.
Des ressources complémentaires pourront être également prospectées, auprès d'entreprises par exemple, pour financer par des recherches sur contrat au profit de doctorants ou de post-doctorants. |
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L'organisation
de colloques isolés ayant montré ses limites, la constitution de
groupes de travail durables apparaît nécessaire. Des ateliers seront
constitués à la fois sur une base régionale, pour impliquer un maximum
de chercheurs et favoriser une approche au plus près des réalités
locales, et thématique, en fonction des grands thèmes transversaux
précédemment retenus. - Un grand Sud-Est, de la Franche-Comté aux rivages méditerranéens, en s'intéressant particulièrement aux industries textiles et chimiques, autour de la question de la réorganisation des marchés (approvisionnements et débouchés) de branches traditionnellement orientées vers les échanges extérieurs (animée par Sophie Chauveau, Jean-Claude Daumas, Hervé Joly et Pierre Vernus) ; - l'Aquitaine (animée par Christophe Bouneau, Alexandre Fernandez et Bruno Marnot) ; - et, en projet, le Grand-Ouest (de la Bretagne, la Normandie aux Pays de Loire) et l'Alsace-Moselle annexée . S'y ajoutent au moins cinq équipes parisiennes/nationales établies par secteurs ou thèmes spécifiques : - Les entreprises industrielles parisiennes, en particulier dans la métallurgie et la mécanique (animée par Michel Lescure etDanièle Rousselier-Fraboulet) ; - Les entreprises de la culture et de l'information et leurs administrations de tutelle, françaises et allemandes (animée par Patrick Éveno et Agnès Callu) ; - L'aryanisation des entreprises (animée par Philippe Verheyde) ; - Les entreprises coloniales et les relations des entreprises métropolitaines avec les colonies (animée par Daniel Lefeuvre). Par ailleurs, la création d'un sixième atelier sur les entreprises de service public pourrait être envisagée, si d'autres bonnes volontés se manifestaient aux côtés de celle déjà exprimée d'un membre du conseil scientifique. Les
objectifs plus complets de ces ateliers ainsi que le calendrier de
leurs premiers travaux feront l'objet d'une information ultérieure
spécifique. |
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Des
journées d'études communes seront organisées à un rythme environ
semestriel. La première est prévue pour le samedi 12 octobre à Paris,
sur le thème : " Les institutions engagées dans l'économie de
l'Occupation et leurs archives ", avec des interventions associant
archivistes et historiens. Le programme précis sera diffusé
ultérieurement. |
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Un
inventaire bibliographique approfondi du sujet devra, en particulier
pour repérer les travaux de maîtrises inédits soutenus dans l'ensemble
des universités françaises, être mené.
Dans le cadre des ateliers, diverses bases de données sur, par exemple, les entreprises, leurs dirigeants ou les institutions et les responsables de l'économie dirigée seront élaborées. L'ensemble de ces informations seront mises à la disposition de la communauté scientifique, par l'intermédiaire du site Internet du GDR (sous réserve des exigences de la législation Informatique et libertés). |
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L'organisation
des journées d'études ou des colloques sera l'occasion d'associer des
chercheurs étrangers, notamment allemands, aux travaux du GDR et de
développer des coopérations avec les chercheurs français. Les divers
réseaux européens auxquels participent des animateurs du GDR (European
Business History Association ; programme " Occupations in Europe " de
la Fondation européenne de la science, " groupe de travail sur le rôle
des entrepreneurs et des entreprises dans le national-socialisme " de
la Société allemande d'histoire des entreprises…) permettront de
développer ces relations.
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Dernière modification jeudi 16 septembre 2010 par Hervé Joly